Téléperformance : du premier rang au fond de la classe

Comment redonner confiance aux investisseurs ?

Toutefois, il est important que les investisseurs ne perdent pas confiance. Si l’affaire Teleperformance a sans aucun doute découragé les investisseurs désireux de prendre réellement en compte les facteurs ESG dans leurs décisions, elle était loin d’être inévitable. L’exemple de Teleperformance démontre clairement la nécessité pour les investisseurs d’avoir accès à des informations approfondies sur les impacts réels des émetteurs. Ce n’est que lorsque les investisseurs disposeront de ces informations que nous pourrons éviter une répétition de la controverse sur Teleperformance. 

Indépendamment de la méthodologie ou de l’idéologie adoptée par les agences  de notations, la transparence est essentielle. La transparence sur les données, les sources et la méthodologie utilisées permettra aux investisseurs de comprendre le champ couvert par les notations et les analyses qu’ils utilisent dans leurs processus de décision. 

Par exemple, contrairement aux approches ancrées dans la matérialité financière qui se concentrent sur les risques financiers affichés par les questions ESG pour une entreprise, une approche basée sur la double matérialité évalue les impacts d’une entreprise sur l’environnement et sur la société au sens large. Depuis 2018, les analyses d’impact d’impak Analytics sont fondées sur l’approche de la double matérialité et sur l’Impact Management Project (désormais normes IMP, hébergées par Impact Frontiers). Ce prisme est essentiel pour garantir une image complète de l’impact d’une entreprise et de sa performance sur les questions ESG. L’accent mis sur la quantité de données communiquées (sans les évaluer d’un point de vue qualitatif) et l’absence d’examen de la portée et de la valeur des indicateurs ou des activités d’atténuation peuvent créer des zones d’ombre pour les investisseurs. La perspective plus large de l’analyse d’impact réduit le risque de tels angles morts.

Conclusion

À la suite des controverses qui ont entouré l’entreprise, Teleperformance semble avoir pris certaines mesures pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise à l’avenir. Par exemple, l’entreprise a annoncé qu’elle utiliserait de plus en plus l’intelligence artificielle dans ses activités de modération de contenu et qu’elle introduirait des programmes de bien-être améliorés pour les modérateurs de contenu.

Lors de la mise en œuvre de tels mécanismes, il s’agit d’introduire des mesures de qualité, idéalement élaborées avec la participation des parties prenantes concernées, plutôt que de quantité.

Si ces mesures semblent aller dans le bon sens, seul l’avenir nous dira si elles auront un véritable impact sur l’expérience des parties prenantes de l’entreprise, notamment celles qui sont particulièrement vulnérables, comme les employés qui ont précédemment connu de mauvaises conditions de travail.