Londres restera-t-elle la première place financière malgré le Brexit grâce à la data et l’ESG?

La Place financière de Paris peut encore se positionner et même la devancer.

 

Londres agit

Avec quelques acquisitions en rafale, le London Stock Exchange (LSE) agit rapidement pour assurer à  la City, post-Brexit, sa position de première place financière d’Europe et du monde.

En effet, le 1er août elle confirme le rachat de Refinitiv, un leader de l’information financière qui lui permettra de rivaliser avec Bloomberg. Et à peine quelques semaines auparavant, le LSE conclut l’acquisition stratégique de la start-up française (!) Beyond Ratings, spécialisée dans l’analyse ESG, afin de se positionner dans cette inéluctable mouvance de la finance responsable.

Il est intéressant de constater qu’au-delà  des bonnes intentions et des grandes déclarations, les acteurs de la place financière de Londres font tout pour maintenir le leadership européen et mondial de celle-ci.

 

Paris en parle

Alors qu’à  Paris, il y eut cette promesse de Bruno Le Maire de faire de « Paris la première place financière d’Europe » lors du Forum international de la finance en juillet 2018.

Il y a aussi Philippe Zaouati, patron de la firme d’investissement Mirova, qui plaide que Paris doit être la capitale de la finance verte en publiant en 2018 « La finance verte commence par Paris ».

Mais les principaux acteurs de la Ville Lumière agissent-ils vraiment pour faire figurer Paris en pôle position des places financières d’Europe?

La Finance de l’avenir a de l’impact!

En novembre 2018, Larry Fink, grand patron de la firme BlackRock, déclare : « d’ici moins de cinq ans, tout investisseur mesurera l’impact social et environnemental pour évaluer ses placements. »

Il ajoute, que « pour prospérer durablement, chaque entreprise devra non seulement générer des rendements financiers, mais démontrer leurs contributions positives à la société. »

Le dirigeant du plus gros gestionnaire au monde venait de définir que l’avenir de la finance appartient à l’impact.

Les grands se positionnent

Preuve que l’avenir de la finance ne sera que durable, les Anglais se positionnent en achetant les pourvoyeurs de données, d’indices ou de classements en matière de finance durable. Ils ne sont cependant pas les seuls.

  • Moody’s rachète le Français Vigeo Eiris en juillet et l’Américain Four Twenty Seven en août 2019
  • ISS acquiert le Suèdois Ethix SRI Advisors en 2015, le Suisse South Pole en 2017 et l’Allemand Oekom en 2018
  • Morningstar acquiert 40 % du Canado-néerlandais Sustainalytics en 2017
  • Standard & Poor’s achète Trucost en 2016

Aujourd’hui, la majorité des pourvoyeurs de données en matière de finance durable est contrôlée par des intérêts américains et anglais.

Mais alors que fait-on en France?

En resterons-nous au discours et à l’énoncé de perspectives? « Comme souvent, il y a beaucoup de grands principes et de discours »1. Les ambitions sont grandes, mais pendant ce temps ce sont les étrangers qui agissent.

1. Laurence Valentin, adhérente à  l’association française des trésoriers d’entreprise.

 

Paris, leader de la finance d’impact?

Si Paris veut devenir la première place européenne post-Brexit, elle ne pourra le faire qu’en prenant le « leadership » mondial de la finance d’impact. Et il est encore temps de le faire.

En effet, Paris a de nombreux atouts importants :

  • L’adoption en 2010 des « Lois Grenelle », rendant obligatoire la production d’un rapport RSE annuel pour toutes les grandes entreprises, a favorisé le développement d’un écosystème relatif aux mesures extra-financières et à  l’investissement responsable.
  • L’Accord de Paris sur le climat en 2016 a légitimé Paris comme place de la finance de l’avenir.

Mais il reste encore beaucoup à faire et, à l’instar des acteurs importants de la City, les acteurs de la finance de Paris doivent agir maintenant.

 

Les solutions

Que ce soit l’établissement d’une comptabilité extra-financière universelle et transparente, une plus grande distribution aux citoyens de produits d’investissement identifiés « d’impact » ou encore l’adoption par Paris Europlace et Euronext d’un indice d’impact remettant l’ESG à sa position de solution du passé (et doublant ainsi le LSE), les opportunités sont nombreuses et les initiatives se doivent d’être ambitieuses!

Comme l’a dit le premier ministre Édouard Philippe, le 9 juillet, lors du Forum de Paris Europlace : « Celui qui parviendra à imposer ses valeurs imposera sa vision. Pour nous, c’est un combat. »

 

 

Paul Allard,

Chef d’orchestre et co-fondateur

impak Finance Inc.

 

 

À propos d’impak

La start-up canado-française en technologie financière impak Finance a été fondée afin de repenser le rà´le de l’argent pour réparer l’économie et la planète. 

Active en France, elle a développé un outil de reporting et de suivi d’impact (impak IS²), qui dresse l’impact global d’une entreprise et en fait le suivi, grà¢ce à  des indicateurs de mesure d’impact, une matrice et son Score impak. Elle offre aux investisseurs des données qualitatives et quantitatives standardisées et comparables, un tableau de bord (incluant l’analyse et le Score impak des entreprises du portefeuille) ainsi qu’un index pour le portefeuille de l’investisseur souhaitant monitorer son impact social et environnemental. impak IS² se base notamment sur les 17 Objectifs de développement durable de l’ONU et sur l’Impact Management Project (IMP), collectif international de plus de 2000 acteurs de poids qui définissent les normes de la gestion et de la mesure d’impact. 


marcinmaterzok