Ce que nous révèle l’étude d’impact de TotalEnergies

Analyse d’impact de la stratégie climat de TotalEnergies

Télécharger le bilan d'impact

Lire la méthodologie

 

Un Z “May Cause harm” attribué au groupe du a un non-alignement avec l’Accord de Paris

La méthodologie d’analyse d’impact va au-delà des mesures de mitigation mises en place par les entreprises. L’analyse d'impact cherche à déterminer si les mesures de mitigations implémentées engendrent des résultats concrets dans la vie des parties prenantes en se basant entre autres sur des indicateurs et l’analyse des controverses. Ainsi TotalEnergies mitige son impact sur le changement climatique par plusieurs actions telles qu’un programme pour réduire ses émissions de méthane ou sa gamme de produits labellisés TotalEcosulotions avec une empreinte carbone réduite. Pourtant, un Z “May Cause harm” est attribué au Groupe pour son impact sur le climat, car selon notre analyse, les mesures mises en place par l’entreprise, les indicateurs reportés, sa stratégie actuelle et ses cibles ne sont actuellement pas alignés avec les objectifs de l’Accord de Paris. 

 

Une stratégie de transition axéee sur le gas et les énergies bas carbone

La stratégie de transition de TotalEnergies se concentre sur la production de gas naturel liquéfié (GNL) avec une augmentation projetée de 40% entre 2021 et 2030 couplée à un investissement dans les énergies bas carbone. L’entreprise prévoit d’atteindre un pic de production de pétrole dans la décennie pour ensuite atteindre 30% de produits pétroliers dans son mix énergétique en 2030 (comparé à 41 % en 2022). Le Groupe compte compenser les émissions restantes en utilisant les puits de carbone naturels ainsi que le stockage et la séquestration. TotalEnergies met en place plusieurs activités pour mitiger ses émissions de GES et s’engage a atteindre zéro torchage de routine en 2030 selon l’initiative de la Banque Mondiale. L’entreprise a défini un objectif net-zero pour 2050 ainsi que des objectifs intermédiaires sur ses trois scopes d’émissions pour 2030 depuis les niveaux de 2015.

 

Un “plan de transition” controversé

Si TotalEnergies présente une stratégie climat claire et détaillée, plusieurs manquements ont été relevés par les ONGs, les groupes d’actionnaires et par la société civile. En effet, le Groupe a été récemment confronté à des allégations d’inaction climatique, greenwashing, lobbying contre l’existence du changement climatique et pratiques de communication trompeuses. De plus, en Avril 2023, le groupe d'actionnaires activistes Follow This a déposé une résolution demandant à l’entreprise de faire plus pour réduire ses émissions jusqu’en 2030 en affirmant que ses cibles de réduction scope 3 sont insuffisantes. 

 

Stratégie incompatible avec les recommandations du GIEC

En outre, même si l’objectif de TotalEnergies est d'atteindre 100 GW de capacité de production en renouvelables en 2030, seulement 1.3% de son revenu et 14.5% de son Capex sont reconnus comme contribuant à la mitigation du changement climatique selon son rapport Taxonomie Européenne. D’ici 2030, autour de 30% des investissements de TotalEnergies continueront à être dédiés au pétrole et au gaz. D'autre part, en 2033, l’entreprise à renforcé son objectif de réduction des émissions scope 3 issues de la vente de produits pétroliers en visant une réduction de 40% pour 2030. Néanmoins, cette cible exclut les émissions issues du gaz et des biocarburants. Or, la stratégie du groupe est basée sur l’augmentation de la production de GNL et sa cible de réduction des émissions scope 3 totales nécessite seulement que l’entreprise maintienne son niveau actuel d'émissions (400 Mt CO2e) jusqu’en 2030. Étant donné que les émissions scope 3 représentent environ 90% de l’empreinte carbone de TotalEnergies, on peut donc conclure que la majorité des émissions GES du Groupe devraient rester stagnantes d’ici 2030 selon sa stratégie actuelle. De fait, cette stratégie semble incompatible avec la nécessité identifiée par le GIEC de réduire les émissions globales de moitié pour rester sur une trajectoire à 1.5°C.

 

 

Auteure de l'analyse:

Camille Varenne

Analyste experte du secteur énergie et de la Taxonomie Européenne chez impak Analytics

 


impak Analytics